En 1843, suite à la demande du Gouverneur du Sénégal, un peloton de 2 officiers, 25 sous-officiers et cavaliers, dont 15 Français et 10 indigènes, sous le commandement du lieutenant de spahis algériens Petit, est envoyé à Saint-Louis pour lutter contre les Maures Trarzas qui s’opposent à la conquête Française. Dès son arrivée, le peloton est engagé le 4 août 1843 contre les guerriers Toucouleurs à Cascas sur le fleuve Sénégal. Leur brillante conduite lors de ce combat pousse le commandement à créer par l’ordonnance royale du 21 juillet 1845, un Escadron de Spahis du Sénégal. Les cavaliers, sous-officiers et officiers proviennent du 1er chasseurs d’Afrique et du 1er régiment de spahis.
Rapidement, du fait de la mortalité ou des maladies, un certain nombre de Noirs sont incorporés. En 1845, l’escadron compte 120 hommes. Sous le Second Empire, il aligne 186 sabres. C’est sous Faidherbe qui est gouverneur du Sénégal de 1854 à 1865 que l’escadron va jouer un rôle militaire déterminant, il est de toutes les opérations en Afrique de l’Ouest. En raison de l’éloignement, du climat et des facultés guerrières des Sénégalais, Faidherbe comprend la nécessité de procéder à un recrutement local. Il nomme dès 1856 un premier officier indigène, le sous-lieutenant Aliou Sall. Faidherbe est le père de ce que l’on appellera plus tard la Force Noire car en plus de l’essor qu’il va donner à l’escadron de spahis sénégalais, il est à l’origine de la création des tirailleurs sénégalais en 1857.
Léopold Sedar Senghor dira de lui : « si je parle de Faidherbe c’est avec la plus haute estime, jusqu’à l’amitié, parce qu’il a appris à nous connaître, que son jugement, en nous rappelant les vertus de nos Ancêtres, doit nous aider à reprendre courage, à nous battre avec plus de cœur. Faidherbe avait donc constaté l’admirable façon avec laquelle se battaient ses adversaires Sénégalais. Et de s’écrier, plein d’admiration : « Là, au moins, il y a des hommes ! » ».
Pour poursuivre la conquête vers l’Afrique centrale, un escadron de spahis soudanais est créé en 1891 L’escadron comprenait un capitaine commandant, un capitaine en second, cinq lieutenants ou sous-lieutenants, un vétérinaire et 178 homme de troupe. Les spahis soudanais étaient recrutés par engagements volontaires parmi les hommes libres de race soudanaise. Les Toutcouleurs fournirent le la majeure partie du recrutement. Un second escadron est créé en 1893, il est supprimé en 1897. Ces deux escadrons ont pris une part glorieuse à la conquête du Soudan. Le 15 août 1902, l’escadron de spahis soudanais prend le nom de 2e escadron de spahis sénégalais.
Des chefs illustres les emploient : Gallieni, Borgnis- Desbordes, Combes, Bonnier, Monteil, Gouraud. Certains des officiers qui les ont commandés sont devenus célèbres : Baratier, Mangin, Laperrine, Hauteclocque, Jouinot-Gambetta, etc. Les spahis sénégalais et soudanais combattent contre Ahmadou, Samory, Rabah et leurs guerriers.
En 1912, l’escadron de spahis sénégalais reçoit l’ordre de quitter Saint Louis pour Casablanca. Il reste au Maroc jusqu’en 1922. L’escadron participe notamment sous les ordres du colonel Mangin, qui commande une colonne de 4 000 hommes, où se trouvent les bataillons de tirailleurs sénégalais et l’escadron de spahis sénégalais, aux opérations qui doivent dégager Marrakech, occupé par El-Hiba qui s’est proclamé sultan. Il restera en poste au Maroc jusqu’au1er juillet 1922, date à laquelle l’escadron de spahis sénégalais du Maroc est dissous et rejoint le Sénégal.
Les spahis sénégalais n’ont combattu qu’en Afrique, mais ils ont été à plusieurs reprises en Europe et notamment en France à l’occasion des expositions de 1889 et de 1900. Le 14 juillet 1913, ils participent aux cérémonies de la fête nationale à Longchamp, près de Paris. Un peloton défile au galop devant le Président de la République française. Pour des raisons budgétaires, l’escadron de spahis sénégalais est dissous le 31 décembre 1927. Il passe au budget de Gouvernement général de l’Afrique occidentale française et devient, le 1er janvier 1928, escadron de la gendarmerie du Sénégal.
Le quartier de cavalerie de Saint-Louis porte, depuis 1924, le nom du lieutenant Henri de Chevigné, tué à la tête de ses spahis au combat du Rergho, près de Tombouctou, le 19 juin 1897. Il a servi à l’escadron du Sénégal de 1894 à 1896 et au 2e escadron de spahi soudanais de 1896 à 1897.
Sources:
Pierre Rosiere, ”Des spahis sénégalais à La Garde Rouge”
Lieutenant Gaston Lautour, ”Journal d’un spahis au Soudan”
Gendarmerie Sénégalaise: http://www.gendarmerie.sn